Ravie de partager ceci avec vous
2 cours le vendredi midi, auxquels il a bien fallu donner un nom.
Le contenu en est simple :
1h30 de bien-être dans une grande entreprise.
Les personnes présentes manifestent toutes un immense besoin de prise en charge physique, et morale.
Pour la plupart atteintes de pathologies dues à leur tâches quotidiennes – elles viennent assister à ce cours toujours plus nombreuses, souriantes et prêtes à l’échange.
Je termine immanquablement avec une longue phase de relaxation donc j’oriente le thème en fonction de ce que je ressens tout au long de cette heure de partage.
Nous convoquons la bienveillance d’abord envers nous-même, puis nous prenons le temps de nous centrer en respirant calmement.

J’ai vu arriver plusieurs personnes dans des états de stress qui m’ont alarmée.
Des personnes dont j’imaginais qu’elles ne reviendraient pas tant l’énergie du cours elle était éloignée de celle qui les habitait.
Elles sont restées, elles sont revenues et parlent de leur bien-être avec une immense pudeur. Presque de la gêne.
Certaines évoquent la prise de conscience profonde de ce qui leur manque.
En y réfléchissant je me suis rendu compte que la simple attention portée à l’état dans lequel elles arrivent suffit parfois à les aider. Amorcer un petit changement.
Mes cours ont toujours un rapport avec le mouvement physique, et c’est grâce l’état mental dans lequel je me trouve moi-même qu’il peut (où non) se produire ce que j’appelle moi « des miracles ».

J’ai en mémoire le cas d’un homme qui a pénétré dans cette salle – totalement affolé – un peu comme un papillon dans les phares d’une voiture.
Il s’est littéralement jeté sur les tapis avant de s’installer au sol au fond de la salle et de quitter ses lunettes.
Il était accompagné de son épouse qui est entré dans la salle quelques minutes après lui dans le même état d’excitation, de stress, enfin dans un état qui a demandé une grande concentration au reste du groupe pour continuer à travailler sur les postures que nous explorions.
Un grand miroir et une barre de danse habillent cette magnifique salle – nous voyons donc tous, tout ce qu’il s’y passe jusque dans les moindres recoins …
Les nouveaux arrivés ont suivi le cours avec beaucoup d’attention, énormément de regards de connivence entre eux, et je les ai senti s’apaiser tout au long de la séance.
Leur attitude est restée positive – j’observais avec calme et curiosité la difficulté qu’ils avaient pour suivre les mouvements les plus simples, pour respirer, ou pour rester en place, ainsi que la complexité qui semblait parfois les paralyser pour évaluer leur organisation corporelle, et la totale anarchie des alignements et de la tête aux pieds 😉

Ils avaient choisi d’être là et en ont pleinement profité.
Je n’ai strictement rien changé au déroulé de ma séance, mais j’ai pris soin redoublé pour expliquer chacun des gestes, chacune des respirations, et offert à tous une attention accrue.
Le cours est ouvert à quiconque le souhaite, mais je le trouve particulièrement adapté à ce genre de personne.
Ce couple travaille dans la même entreprise, souffre des mêmes troubles, et habite suffisamment loin pour ajouter une fatigue physique inhérente aux trajets, à l’épuisement dû au stress de leur charge de travail.
J’ai peine à les imaginer parlant d’autre chose en rentrant chez eux.
À ma grande surprise ils sont resté jusqu’à la phase de relaxation et … bien après la fin de la séance pour exprimer à quel point ils étaient sidérés par ce qu’ils venaient de vivre. En bougeant lentement, en respirant calmement et en acceptant de s’allonger pour se relaxer.

Je les voit venir chaque semaine avec des étincelles dans les yeux … toujours en retard (il est important que chacun puisse savoir que ce moment lui appartient : c’est la raison pour laquelle j’accepte les personnes qui arrivent après le début du cours, en leur expliquant qu’elles sont responsables et qu’elles doivent impérativement écouter leurs sensations physiques et prendre soin d’un échauffement lent et mesuré dans les amplitudes.
Le cours est suffisamment calme pour que chacun puisse l’intégrer à tout moment.
J’y mets un point d’honneur mon objectif étant le bien-être de chacun – nous nous respectons et faisons comme nous pouvons. )
« Vous êtes les bienvenus dans Votre cours» …car chacun est acteur de ce qu’il s’y passe.
Je ne suis que le guide qui les aide à optimiser la séance pour atteindre les objectifs qu’ils se fixent et/ou les orienter …

Ils arrivent donc toujours en retard avec des étincelles dans les yeux, un large sourire barrant leur visage, et prennent toujours le temps d’un instant d’échanges avant de quitter la salle.
Lui … s’est étonné d’arriver à suivre certains mouvements, à accepter certains étirements.
Elle s’est surprise à sentir les larmes couler à la fin du cours en se rendant compte que ça ne lui était pas arrivé depuis une éternité.
Ils sont réconciliés avec une partie d’eux-mêmes. Curieux.
C’est exactement ce genre de réactions qui m’incite à faire des choix drastiques dans mon enseignement.
Aider un peu … (chacun à son échelle) son semblable à se reconnecter avec une part de ses richesses personnelles est à mon sens la seule justification de ce métier d’éducateur.
La vie – les expériences – nous invitent à laisser résonner en nous ce qui nous nourri spirituellement.

Je ne parle que pour moi et sans aucune injonction péremptoire – alors je vous invite à prendre soin de vous en laissant vos petites voix intérieures s’exprimer.
Elles parlent … à travers le corps, les sentiments, les sensations – et nous oublions très souvent de les écouter en conscience.
Sans rien faire …
Enfin … rien faire c’est déjà « faire » rien.
Ecouter en conscience ce que nous disent nos petites voix.
Il me semble que c’est un moyen pour rester ouvert, un « moyen habile » pour tenter d’être le moins souvent possible « hors de soi » – et qu’il vaut la peine d’être partagé.

GRATITUDE